Existe-t-il plusieurs types d'amitié ?

Après mûre réflexion, je crois que oui. Il n'est pas toujours évident de se rendre compte de ce qui se passe, et parfois, on peut même être perdu. J'en parlais récemment à une amie, à laquelle je disais que selon moi, certaines attitudes ne pouvaient pas s'appeler "amitié" .

"Bin, je sais pas si y'a un mot, tu vois. Mais l'autre jour j'expliquais à quelqu'un que tout le monde n'est pas compatible avec le même type d'amitié et qu'avec certaines personnes on se voit, on s'adore, on passe de bons moments, on discute bien, MAIS ça ne va pas forcément "plus loin" comme ça pourrait avec une amitié classique (genre ce que je pourrais avoir avec d'autres gens) . C'est un type d'amitié qui a ceci de surprenant qu'il peut être fort, mais qu'il peut disparaître aussi assez vite. C'est comme une amitié "de surface" dans laquelle on ne meurt pas si on ne se parle pas pendant trois semaines, pas parce qu'on aime pas la personne, mais parce qu'on "fait autre chose", tout bêtement. Et quand on se retrouve, on est très content, et on profite, et c'est tout."

Et le souci avec ça, c'est que quand tu es quelqu'un qui s'attache, et que tu n'es pas forcément habitué à ce genre de choses, une fois que l'amitié "de surface" (j'ai pas trouvé mieux) se dissout, se coupe, ou ralentit, tu comprends pas, tu es paumé, et triste.

C'est justement un souci que j'ai cru déceler chez quelques personnes, et je crois qu'ils n'ont pas encore compris le truc mdr. Il y a un "souci" à partir du moment où les deux côtés de l'amitié ne gèrent pas le concept de la même manière... par exemple, quand on me dit "J'ai fait ci ou ça avec X" je me dis pas "Putain et moi je pue ?" mais "Chouette, il/elle a passé une bonne semaine/un bon weekend" .  Je me dis, chaque progression a son propre rythme, et c'est très bien comme ça, je n'emmerde personne, arf. Alors que certaines personnes auraient besoin de plus de "logique" et "d'explication" que moi, auraient plus d'attentes, c'est même pas méchant, c'est juste qu'ils/elles voient l'amitié différemment (j'essaie de leur graver mon concept dans le crâne, arf, pas évident, mais on y arrive un peu) .

En fait, ce qu'il y a de formidable, c'est que le concept ne fonctionne que si on n'y réfléchit pas trop, en fait. C'est comme pour le sexe au premier rendez vous. Moi je dis : prépare toi, fais toi beau/belle, mais n'y va pas en te disant "Bon, ce soir, je couche!" parce que tu pourrais être déçu. En amitié, comme en couple d'amour, moi je me dis : bon, je peux éventuellement rationaliser en me disant que les choses peuvent mal tourner, mais je n'ai pas envie de le vocaliser, de peur de finir par réaliser ça inconsciemment.

[suite à un commentaire lié à des discussions sur la fin d'une amitié]

Ouais mais là ça fait un peu, hmm, "victimisation" genre "de toutes façons tu m'aimes pas, ça durera pas" et parfois après la personne veut prouver que si, ça peut durer, mais n'en a pas la force et ça pète. Attention, ça veut pas dire que ça pète à chaque fois hein. Mais si la personne de l'autre côté n'a pas la force, ou pas envie, bah elle essaie, elle essaie, et un jour pfuitt. Et toi après tu te retrouves comme un con, parce que tu as fait les efforts, tu as voulu créer le lien, tu as vécu des choses avec la personne, et tu comprends pas."

Le concept peut paraître assez pessimiste, dans un sens, mais au final, je constate qu'il est d'actualité, à savoir qu'il existe parfois des « amitiés de surface » qui ne sont pas forcément de « mauvaises » relations, mais pour lesquelles il faut savoir se préparer.

En effet, quand on a un très bon ami, chez qui on passe pas mal de temps, avec qui on rigole, part en vacances, passe Noël... quoi de plus naturel que d'apprécier ce genre d'amitié ? On rencontre de nouvelles personnes, et même si on est prudent, selon notre nature, on se dit, aaaaaaaah, pourquoi pas.

Et on se rend compte que ce n'est pas pareil. La personne nous manque quand on ne lui parle pas, mais elle n'a pas l'air d'éprouver la même chose. Elle fait des choses « sans nous » alors qu'on s'entend si bien. Et on croit qu'elle ne tient pas à nous et on se dit « et zut, j'ai fait quelque chose ? » ... alors que si ça se trouve, on est face à une de ces « amitiés de surface ».

Mais il faudrait peut-être que je définisse mon expression. Selon moi, une « amitié de surface » est une amitié à court ou moyen terme, variable en terme d'intensité et d'implication, dans laquelle les « sujets » profitent de tous les « bons » côtés d'une amitié. Cela ne veut pas dire qu'un ami « de surface » ne sera jamais là pour vous soutenir, attention.

Un ami « de surface » peut très bien être, pendant un temps, le meilleur ami de votre vie, celui dont vous ne voudrez jamais vous séparer. Mais le temps passe, et les choses changent, et parfois les gens se « lassent ». Certaines personnes ne sont pas forcément prêtes à garder certains amis très longtemps dans leur vie, pour tout un tas de raisons que je ne serais pas forcément à même d'expliquer.

Si je dis tout ça, c'est parce que, jusqu'ici, pour quelqu'un comme moi, c'était très dur à gérer. Je n'arrivais pas à comprendre pourquoi des personnes pouvaient « prétendre » m'apprécier, si elles ne m'incluaient pas plus dans leur vie. Je me disais que je ne valais peut-être pas le coup.

Et un jour, j'ai voulu changer d'attitude. Je trouvais ça triste de ne pas pouvoir profiter des nouveaux liens à tisser avec « ces gens-là ». Je me disais « mais zut, ce n'est pas qu'on ne s'aime pas, c'est juste qu'on ne s'aime pas pareil, c'est tout ».

Qu'on me croie ou non, ça a marché. Le concept « d'amitié de surface » ne m'a pas sauvé la vie, mais il m'a permis de comprendre pourquoi/comment certaines amitiés fonctionnnent sans que ça me perturbe autant qu'avant.

Et il m'a surtout permis de profiter au mieux de la présence de tout un tas de gens. Des gens que j'aime, comme tous mes autres amis, mais des gens à qui je n'en voudrai pas ou ne ressentirai aucune amertume lorsque j'aurai vent de leurs sorties avec d'autres. Des gens avec qui je pourrai profiter de chaque instant...

D'ailleurs, attention! Il n'est pas dit qu'un « ami de surface » ne puisse pas devenir un ami « classique », ou vice-versa. Il se peut même que les périodes alternent.

Pouah! Ne nous laissons pas abattre pour autant. Les amis que j'ai, je les aime, et j'en profite comme je peux. Parfois j'aurai mal, parfois moins, mais je me dis souvent que dans la vie, tout le monde a mal, alors si le fait que moi j'aie mal un peu fait en sorte que d'autres aient moins mal, tant mieux :) .